La fin des consoles physiques ? Comment le tout-digital redessine le marché et inquiète les revendeurs

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Une transformation silencieuse, mais irréversible

Il y a une dizaine d’années, acheter une console signifiait presque systématiquement repartir avec plusieurs jeux en version boîte. Aujourd’hui, ce rituel disparaît peu à peu. Le jeu n’est plus un objet que l’on possède, mais un accès que l’on débloque, et la transition vers le tout-digital s’accélère.

Selon GamesIndustry.biz, le numérique représente désormais plus de 90 % des ventes de jeux sur Xbox et plus de 70 % sur PlayStation, une dynamique qui ne cesse de progresser depuis 2021.
Pour les joueurs comme pour les constructeurs, cette mutation semble naturelle. Pour les revendeurs, en revanche, elle bouleverse un modèle économique installé depuis plus de trente ans.

Pourquoi les constructeurs poussent vers le numérique

Un modèle économique bien plus rentable

Ce basculement n’a rien d’anodin : un jeu digital ne coûte rien à fabriquer, rien à transporter, rien à stocker, et ne génère aucun retour produit. Tout cela augmente mécaniquement la marge des constructeurs, qui peut dépasser de 28 à 35 % celle des versions physiques selon le rapport SuperData/Nielsen 2023.
Un cadre d’une grande enseigne européenne, souhaitant garder l’anonymat, résume ainsi la situation :

“Lorsque la PS5 Digital est arrivée, nous avons rapidement compris que ce n’était plus un simple modèle alternatif. C’était une déclaration : les boîtes ne sont plus essentielles pour eux… alors qu’elles le sont encore pour nous.”

Un contrôle total grâce aux plateformes maison

En distribuant les jeux uniquement via leurs stores – PlayStation Store, Microsoft Store ou eShop – les constructeurs contrôlent entièrement les prix, les promotions, les recommandations et l’écosystème d’abonnement.
Les revenus le prouvent : le PlayStation Store génère désormais davantage que les ventes de consoles, le Xbox Game Pass a franchi la barre des 30 millions d’abonnés, et Nintendo réalise plus de 48 % de ses ventes de jeux en digital (FY 2024).

Les premiers perdants : les revendeurs et détaillants

Le secteur de la distribution physique souffre.
D’après la Fédération des Revendeurs du Jeu Vidéo (FRJV), les ventes de jeux en boîte ont reculé de 42 % en cinq ans, tandis que l’espace réservé au jeu vidéo dans les grandes surfaces a été divisé par deux depuis 2018.

Un gérant de boutique indépendante à Lyon témoigne :

“Autrefois, 60 % de notre chiffre dépendait des jeux neufs. Aujourd’hui, si on atteint 20 %, c’est exceptionnel. Les clients viennent acheter des manettes, des protections, parfois des consoles… mais presque plus de jeux.”

Ce changement met en péril la rentabilité des magasins spécialisés, qui doivent revoir entièrement leur stratégie.

Le consommateur : entre confort immédiat et perte de liberté

La séduction naturelle du digital

Les joueurs ne se tournent pas par hasard vers le numérique : l’achat est instantané, les mises à jour s’installent automatiquement, la bibliothèque reste accessible partout, et il n’y a plus de disques à manipuler ni à ranger.
Ce confort, très simple mais très puissant, explique pourquoi la transition s’est faite aussi rapidement.

Mais un contrôle qui disparaît progressivement

Cette facilité a un prix : en version digitale, un jeu ne peut plus être revendu, ni prêté, ni même parfois réinstallé s’il disparaît du store. Certains titres, comme Forza Horizon 3, ont été retirés pour des raisons de contrats de licence, laissant les nouveaux joueurs sans possibilité d’achat.
À cela s’ajoute un risque rarement évoqué mais réel : un compte banni peut signifier la perte totale de sa bibliothèque.

Des associations de consommateurs comme UFC-Que Choisir alertent depuis 2022 sur ce qu’elles qualifient de “disparition du droit de propriété dans l’univers du jeu vidéo digital”.

Vers un futur sans disque ? Un scénario plus nuancé qu’il n’y paraît

Le rôle inattendu des collectionneurs

Le physique n’est pas mort. Le marché du rétro-gaming connaît même une croissance spectaculaire, passant de 800 millions de dollars en 2018 à plus de 3,2 milliards en 2023 selon Grand View Research.
Les éditions limitées, les boîtes d’époque et les versions collector séduisent toujours un public fidèle. Ce marché passion conserve une valeur culturelle et financière qui sécurise, au moins pour le moment, l’existence du format physique.

Les limites technologiques dans de nombreux pays

À cela s’ajoutent des contraintes techniques : dans de nombreuses régions du monde, télécharger un jeu de 80 à 150 Go reste difficile, voire impossible.
Phil Spencer lui-même déclarait en 2024 que “le tout-digital n’est pas encore compatible avec tous les territoires”, rappelant que Microsoft surveille attentivement les capacités réseau de ses marchés.

Le vrai enjeu : une redéfinition totale de la console

La question n’est pas seulement celle du disque.
Le jeu vidéo migre vers un modèle où les consoles deviennent des plateformes de services : cloud gaming, abonnements, IA intégrée, cross-play élargi. Le support matériel passe au second plan.

Un analyste de Newzoo résume parfaitement ce basculement :

“Le gagnant du futur ne sera pas celui qui vendra le plus de consoles, mais celui qui retiendra le plus longtemps ses utilisateurs dans son écosystème.”

Conclusion — Un équilibre encore fragile, mais un mouvement inévitable

Le tout-digital progresse, les consoles physiques perdent du terrain, et les constructeurs orientent le marché dans cette direction.
Cependant, le disque ne disparaîtra pas tout de suite. Le secteur avance vers un modèle hybride où le numérique domine, tandis que le physique subsiste par passion, par contrainte technique et par valeur culturelle.

La bataille de demain ne portera plus sur “quelle console acheter”, mais sur “quel écosystème adopter”.

Vincent

Bonjour, je m'appelle Vincent, j'ai 43 ans et je suis conseiller en vente d'électroménager. Fort de plusieurs années d'expérience, je suis passionné par les nouvelles technologies et toujours à l'écoute des besoins de mes clients. Mon objectif est de vous aider à choisir les appareils qui correspondent le mieux à votre mode de vie. N'hésitez pas à me contacter pour des conseils personnalisés ! Je suis clivant, je donne mon avis franchement. Je n'hésite pas à critiquer et avoir un avis tranché.